La poésie
1. 2.

J’ai trouvé
cette clef d’or que j’attendais,
ce grand secret si bien gardé,
j(e) l’ai levé !

Et c’est dans la poubelle,
entre Dop et Bonbel,
que j’ai trouvé la belle,
la noble poésie.
Car Valéry, Hugo,
ont mangé du gigot
et laissé des mégots
avec leur poésie.

Nous sommes polis,
honnêtes,
ô nobles grimaces !
quand notre vie,
au fond, n’est faite
(que) de crasse (bis),
que tant de gens bien nés
en se fouillant le nez
s’en vont aux cabinets
faire leur grosse poésie.

Amour fou :
le cœur qui bat, le sang qui bout
gardent au fond le trouble goût
de l’égout !

Au sortir de l’usine
Phèdre, Anna Karénine,
s’en vont à la cuisine
touiller leur poésie.
Et des longs vermicelles
qu’on voit sous leurs aisselles
coule une eau de vaisselle :
c’est ça leur poésie !

Nous guettons tous,
cyniques,
le slip sous la robe
où se trémoussent
tant d’hygiéniques
microbes (bis).
Et notre amour s’y met
berçant en bouts rimés
tant de viande abîmée :
charogne de poésie !

3.

Et les vers
tantôt charmants tantôt pervers
feront leur chemin au travers
des trouvères !

Le vautour mieux que l’aigle
aime la Muse espiègle
car quand elle a ses règles
elle perd (un peu) sa poésie
et les gratteurs de rimes
trimant pour de la frime
s’envoient du pousseaucrime
en guise de poésie !

tant de fakirs,
de sages,
ont mauvaise haleine :
ils font vomir
sur leur passage
Verlaine (bis).
Et le vrai créateur
c’est le fornicateur
qui dans l’outre en chaleur
crache toute sa poésie !


Chansons
Paul Braffort © 2005
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